Ça y est, elles sont là, ces fleurs extraordinaires, à la fois humbles et spectaculaires. Avril, Mai, Juin, les différentes espèces d’orchidées sauvages s’échelonnent ou cohabitent. Avec ses biotopes variés, prairies humides, lisières, coteaux calcaires, pelouses sèches, le domaine d’Ensarnaut accueille plus d’une trentaine d’espèces. Nos poneys, par leur pâturage, empêchent l’embroussaillement et gardent les milieux ouverts. Les orchidées supportent mal la concurrence, elles ont besoin d’espace, de soleil et d’un sol pauvre, maigre. Pas d’engrais et un pâturage extensif avec un taux de chargement faible, pour éviter une fumure trop importante par les crottins des poneys. Une grande surface est donc nécessaire au troupeau. (65 ha pour 19 poneys…et deux vaches)
Les orchidées sont fascinantes quant aux stratagèmes qu’elles ont développé pour assurer leur pollinisation. Pour se reproduire, sans pouvoir se déplacer tout en assurant leur dispersion et le brassage de leur gènes, les plantes doivent assurer le transport des semences mâles, le pollen, jusque sur l’organe reproducteur femelle, le stigmate.
Attendre le bon vouloir du vent est assez aléatoire. Les orchidées préfèrent se faire aider par les insectes. Oui, mais comment les convaincre de voler de fleur en fleur pour transporter le précieux pollen?
Quelques unes, pas nombreuses, ( ex: Orchis homme-pendu, Platanthère verte), adoptent le donnant-donnant de la plupart des fleurs: je t’offre du nectar et, en venant te servir, tu te couvres de pollen que tu transportes jusqu’à la prochaine « buvette ».
D’autres, n’ayant pas de nectar, rien à offrir, n’ont aucun scrupule à tromper l’innocent insecte: elles sont parfois appelées « fleurs de la déception » et les stratagèmes mis en place sont variés et perfectionnés…
Le leurre nourricier:
certaines orchidées (ex: Orchis , Dactylorhiza), copient une fleur nectarifère, même forme, même odeur… et même époque de floraison. Quand l’insecte dépité et bredouille a fini de fouiller la fleur de fond en comble, n’en croyant pas ses sens, il est couvert de pollen… et s’en va plus loin, sur une autre fleur, espérant avoir plus de chance!
Le leurre sexuel:
en imitant un insecte femelle (mouche, abeille ou guêpe) par la forme, la couleur, le toucher et l’odeur, les orchidées (ex: Ophris) attirent le mâle qui, en tentant vainement de s’accoupler, pollinise la fleur.
Ces espèces prennent soin de fleurir en même temps que la sortie de « leur » mâle pollinisateur… et donc avant les femelles qui seraient une concurrence… déloyale!
Le leurre olfactif:
C’est par le parfum que certaines orchidées attirent leur insecte pollinisateur. (ex: Orchis moustique)
Un parfum pour les papillons de jour et au crépuscule, on change pour attirer les papillons de nuit!
Le dealer:
Le prix du machiavélisme revient à l’Epipactis à larges feuilles:
pour attirer une guêpe prédatrice de chenilles, l’Epipactis va jusqu’à produire un parfum qui imite les molécules… émisent par les feuilles des plantes attaquées…par les chenilles!! (vous suivez??)
La guêpe se précipite… pour ne trouver que du nectar…qui contient des narcotiques. La visiteuse ainsi droguée divaguera plus longtemps dans la fleur…Objectif atteint!!
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POUR EN APPRENDRE PLUS:
Un passionnant petit guide à se procurer absolument: un des remarquables cahiers techniques de la Gazette des Terriers: « à la découverte des Orchidées sauvages«
et le très complet et pointu « Orchidées du Gers« , réalisé par l’Association Botanique Gersoise, dont les membres sont nos très compétents guides lors de nos Journées Nature.
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